Les MieleExperiences - Didier Ludot,Antiquaire de mode

Quand est née cette passion pour la haute couture ?

J’étais très influencé par ma mère, une femme très élégante qui faisait faire ses vêtements
par une couturière d’après les modèles des grands couturiers. Et puis j’ai donc grandi parmi
les robes perlées des grands-mères, les smokings des grands-pères. C’est là que tout a
commencé.

Entretenez-vous une relation particulière avec les créateurs de mode ?

Il est arrivé que des stylistes redécouvrent leurs propres oeuvres dans mes vitrines. Ce fut
notamment le cas avec Gianfranco Ferré de la maison Dior, ou Hubert de Givenchy et
Philippe Venet, très émus de revoir leurs créations.

À votre manière, êtes-vous un gardien du patrimoine ?

C’est un peu le but de mon travail : sauver un patrimoine culturel. Parce que tous ces
vêtements ont été faits à la main par les artisans de la haute couture, brodeurs, plumassiers…
Quand ce n‘était pas encore la mode du vintage, les gens jetaient les vêtements. Les temps
ont changé. Tant mieux.

On vous sent habité par une volonté de transmettre …
Quand je découvre dans la presse que la fille de Stephanie Seymour porte des robes Paco
Rabanne que j’ai vendues à sa maman il y a 25 ans, je suis comblé. J’aime l’idée qu’une femme
transmette ses robes et son expérience à sa fille. Comme un trésor.

Derrière chaque vêtement se cache une histoire ?

Des personnes parfois âgées viennent vendre des robes. Elles ne sont jamais avares
d’anecdotes. C’est très amusant. Chaque matin, je me demande ce qu’on va m’amener
aujourd’hui. Un jour, une femme ouvre une valise remplie de vêtements assez inintéressants,
et puis, tout au fond, une robe Dior des années 50. Le trésor ! Que j’ai ensuite vendu à Reeze
Whiterspoon … qui l’a portée lors de la soirée des Oscars où on lui a remis le prix de la
meilleure actrice.

En quoi votre expérience est-elle unique ?

J’ai tellement de vêtements et de tissus qui me sont passés entre les mains, que je reconnais
du premier coup d’oeil un tissus, un style, une maison de couture. Mon métier exige aussi
un réel savoir-faire pour entretenir les vêtements. Des robes ont été conservées dans des
malles pendant 40 ou 50 ans. Les tissus sont parfois abimés, souvent jaunis. Ce n’est pas
évident de les remettre en forme.

Justement, est-ce facile de raviver ces tissus ?

Le plus facile à entretenir, c’est le coton. Qu’il s’agisse d’un coton simple, un organdi, un
satin de coton ou un piqué de coton, on peut le laver assez facilement. On peut toujours
retrouver sa blancheur. Même s’il faut être délicat pour protéger les coutures et les broderies.

Êtes-vous attentif à l’évolution des lave-linges ?
Il y a 30 ans, on ne pouvait pas tout mettre en machine. Aujourd’hui on peut laver de plus
en plus de choses. On lave le cachemire en machine. Les pulls y sont beaucoup mieux lavés
que nettoyés à sec, bien plus moelleux.